lundi 20 février 2017

Héros, saints et martyrs du colonialisme et de ses produits dérivés

Héros, saints et martyrs à honorer ?

Alexandre Burnes, « humaniste soucieux de l‘émancipation des indigènes » sera « déchiqueté par une foule hystérique » (comprenant beaucoup de maris et de pères de femmes afghanes avec lesquelles Burnes aura couché), à Kaboul en 1841.
Gordon Pacha (qui « aimera profondément les Soudanais ») et Emin Pacha (qui rencontrera Stanley à Bagamoyo… et se blessera « en tombant d'une fenêtre qu'il aura prise pour un accès à un balcon »)  mourront respectivement à Khartoum et à Kinena, en 1885 et en 1892.
Officier de la colonne Dhanis, l’« intrépide lieutenant de Heusch » (dont je voudrai bien croire qu’il n'aura jamais été le géniteur du père de l'arrière-grand-mère de mes petits-enfants) sera cadavéré dans l’assaut d’Ogella, en 1889.

L'année suivante, en 1890, Jozef Teodor Korzeniowski aura plus de chance : recommandé auprès d' Albert Thijs, administrateur de la Compagnie du Commerce et de l'Industrie du Congo et engagé pour 3 ans comme capitaine de steamer sur le fleuve Congo, il n'effectuera jamais qu'un seul voyage aller-retour entre  le Stanley-Pool et le poste colonial (qui deviendra la future ville de Kisangani) établi par Stanley en 1883 à proximité des chutes Boyoma. Après cet unique voyage au Congo,  Jozef Teodor Korzeniowski sera rapatrié en Europe pour dysenterie... et deviendra Joseph Conrad, l'auteur de Heart of Darkness.
Parti, sur les traces de Prosper Odenhal et Henri Maître (tués respectivement en 1904 et en 1914), explorer la voie royale avec des intentions crapuleuses... André Malraux, le pillard et trafiquant d'objets d'art volés, réussira à se tirer des flûtes : il échappera à la colère des Jarai... et, avec le soutien de tous les "grands intellectuels" de l'époque (Marcel Arland, Louis Aragon, André Breton, François Mauriac, André Gide, Max Jacob, etc), à la prison... Il obtiendra même le premier prix Interallié en 1930.
Quelques années plus tôt, Arthur Rimbaud, mercenaire, trafiquant d'armes et commerçant de traite, échappera lui aussi à l'héroïsme, à la sainteté et au martyr : il mourra dans un lit d’hôpital à Marseille, en 1891.

A Kilamba, chez les Pende, la tête de l’agent territorial Balot (qui prendra le parti d'un certain Collignon, agent de la Compagnie du Kasaï, contre le nommé Matemo, ancien travailleur CK, menacera un groupe de villageois réfractaires, tirera sur Matemo et...
- Comme aux Kasaï, en février 2017 ?  
donnera à ses hommes l'ordre de mitrailler ces "Noirs hostiles") sera coupée et son corps dépecé et partagé, en juin 1931... tandis que Matemo prendra la tête de la révolte et se fera appeler "Mundele Fundji".

Serons-nous bientôt, un peu partout, dans les campagnes et dans les villes de la République démocratique du Congo, amenés à "honorer" des chefs de bande, pillards, violeurs et assassins de la nouvelle Force publique congolaise (composée de soldats des FARDC et de la GR, de policiers et d'agents de l'ANR) qui auront à affronter des révoltes populaires violentes et deviendront des héros, des saints et des martyrs de la dictature ?














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